Chine empire du trait. Calligraphies et dessins du Ve au XIXe siècle.
Monnet, Nathalie, sous la direction de.
Paris Bibliothèque Nationale de France 2004, grd in-4 (30X24 cm), 255 pages. Nombreuses illustrations en noir et en couleurs. Broché, couverture souple en couleurs. Jamais lu; le film d'origine est encore préent. (CXIII)-(1400 gr.).
« Surgies du fond des siècles, ces pièces de calligraphie qui s'offrent à notre regard conservent toute leur fraîcheur de pinceau et d'encre. Pénétrer dans leur intimité, c'est prendre part à un acte créateur deux fois millénaire, c'est sentir le frémissement même d'une main en train de tracer ces signes idéographiques dont l'origine, selon un certain mythe, est d'ordre céleste. En effet, tout Chinois, lorsqu'il se trouve devant une calligraphie, ou un tableau, refait irrésistiblement en pensée les gestes avec lesquels l'artiste a réalisé l'œuvre. Tant il est vrai que tout idéogramme, et par extension toute figure dessinée, incarne, plus qu'une notion ou une image, une manière d'être ; et que tracter ces signes faits de traits essentiels est un acte par lequel l'homme entre en communion avec les entités vivantes de la nature et du cosmos. »<br>François Cheng éclaire dès les premières pages de ce livre la fascination qu'exercent la calligraphie et la peinture chinoise dans l'esprit des Occidentaux. Nathalie Monnet nous y initie pas à pas avec maîtrise à travers les collections les plus prestigieuses de la Bibliothèque nationale de France, choisies pour leur rareté et leur élégance, et couvrant quinze siècles de haute culture.<br>Ayant en commun d'être réalisées au pinceau et à l'encre, la calligraphie et la peinture se définissent comme des arts du trait. Alliant la mobilité vivante du pinceau à l'inaltérable brillance de l'encre, les lettrés chinois n'ont eu de cesse d'explorer la force expressive de cet art qu'ils déclinent à travers des formes calligraphiques et picturales multiples et inlassablement réinventées. De célèbres rouleaux, conservés à Dunhuang dans une grotte scellée au début du XIe siècle, puis rapportés par Paul Pelliot, ont permis de redécouvrir intactes des œuvres disparues : pièces ou copies fidèles d'éminents calligraphes comme Wang Xizhi, Zhi Yong, l'empereur Taizong de la dynastie de Tang ou Liu Gongquan, mais aussi des rouleaux de soie ou de papier pieusement calligraphiés par les scribes depuis le Ve siècle.<br>Les trois grandes doctrines – confucianisme, taoïsme et bouddhisme –, qui ont si puissamment marqué le monde des lettres chinoises, sont évoquées par des manuscrits et des éditions rares ; de fragiles esquisses sont les émouvants témoins de l'activité intense déployée par les peintres de Dunhuang. On admirera la précision de l'art du collectionneur dans des catalogues anciens – d'objets de bronze, de bâtons et de pierres à encre –, mais également l'art du bibliophile chinois, exprimé par des albums estampés ou précieusement peints sur feuilles d'arbres ou sur soie, calligraphié sur fond d'or, incisés sur jade, ou finement tissés. Enfin, de prestigieux volumes de gravures ou de peintures sur soie glorifiant les capitales et le bon gouvernement, ou le cortège de l'empereur Kangxi traversant Pékin en liesse pour son soixantième anniversaire, font découvrir un art politique au service de la dynastie des Qing. Des peintures ou des imprimés polychromes témoignent de l'art raffiné du Sud de la Chine. On pourra comparer des pièces du XVIIe siècle qui marquent les premières tentatives de compréhension mutuelle et de synthèse entre l'art et l'architecture de la Chine et de l'Europe. L'ouvrage s'achève par des séries de gravures ou de peintures délicatement colorées sur soie des pavillons impériaux disparus du fabuleux Palais d'été.<br>Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Chine : l'empire du trait » réalisée par la Bibliothèque nationale de France et présentée sur le site François-Mitterrand, du 16 mars au 20 juin 2004.
35 €